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Exposition universelle de Paris, 1889 : troisième épisode

Budget de l’exposition de 1889 et organigramme des travaux

En résumé, pour la réalisation du plan qu’il avait soumis à la Commission de contrôle et de finances, le Directeur général des Travaux disposait de 29.650.000 francs.

C’est dans cette limite qu’il a dû se renfermer.

Toutes les opérations furent conduites de manière à rester dans les crédits prévus. On commença par engager toutes les entreprises essentielles, réservant pour la fin les entreprises de décoration, auxquelles on affecta les reliquats disponibles, ce qui permit de leur donner plus ou moins de développement selon les ressources qu’on pouvait leur consacrer.

ORGANISATION DE LA DIRECTION GENERALE DES TRAVAUX

Décrets et Arrêtés. — L’emplacement de la future Exposition, les crédits nécessaires aux travaux étaient déterminés : l’organisation du service chargé de les préparer et d’en diriger l’exécution ne pouvait être retardée.

Une série de décrets parut à cet effet.

Le premier, en date du 28 juillet 1886, institue au Ministère du Commerce un service spécial.

Le Ministre du Commerce et de l’Industrie fait fonctions de Commissaire général. Il a sous ses ordres trois Directeurs, qui prennent le titre de Directeurs généraux.

La tour Eiffel
photo credit: kimdokhac

La Direction des Travaux comprend quatre services particuliers :

  • service de l’Architecture et des Travaux,

  • service des Plantations et de la Voirie,

  • service des Palais et Bâtiments spéciaux,

  • service médical.

La Direction de l’Exploitation a les attributions suivantes :

  • service des Transports,

  • service de la Section française et des Sections étrangères,

  • service mécanique et électrique,

  • service de la Police intérieure.

La Direction des Finances s’occupe des matières suivantes :

  • Comptabilité,

  • Caisse,

  • Contentieux,

  • service du Matériel et des Entrées.

Le Commissariat général se réserve

  • les questions de Personnel,

  • les nominations de Commissions et de Jurys,

  • les rapports avec les Pouvoirs publics et l’Étranger,

  • la Presse,

  • le Grand-Conseil de l’Exposition,

  • la Commission de Contrôle et de Finances,

  • les règlements généraux et les affaires ne se rattachant pas spécialement à une Direction.

Les Directeurs généraux reçoivent les instructions du Ministre pour les mesures à prendre et sont responsables de l’exécution. Ils ne peuvent engager de dépenses sans une autorisation écrite du Ministre. Mais ils peuvent, clans la limite des crédits ouverts, conclure tous marchés ne s’élevant pas au-dessus de 1 500 francs.

End of the world!
photo credit: Alarzy

Chaque semaine, le Ministre réunit en comité administratif les Directeurs généraux et le Directeur du Cabinet et du Personnel au Ministère du Commerce, pour entendre les rapports des Directeurs et étudier les questions présentées. Chaque semaine également, les Directeurs généraux se réunissent en conseil des Directeurs pour l’expédition des affaires courantes intéressant plusieurs services.

A la même date du 28 juillet 1886, un arrêté du Ministre désigne comme Directeurs généraux : M. Alphand, pour le service des Travaux; M. Berger, pour le service de l’Exploitation; M. Grison, pour le service des Finances.

Un arrêté en date du 28 août suivant complète l’organisation générale en instituant près du Ministre, Commissaire général, une Commission consultative de trois cents membres, dite Grand-Conseil de l’Exposition de 1889, dont la mission consiste à donner des avis sur toutes les questions rentrant clans les attributions du Commissariat général. Elle est divisée en vingt-deux Commissions, dont la plus importante, celle des quarante-trois, a été prévue clans la convention passée avec la Société de garantie, et dont les autres, en l’absence de toute difficulté suffisamment sérieuse, n’ont pas été réunies.

En réalité, les trois Directions ont la presque totalité du travail ; contrairement à ce qui s’est passé en 1878, le Commissaire général n’a plus la direction effective de l’entreprise. La raison vient de la différence des situations. Autrefois, le Commissaire général était nommé pour la durée de l’Exposition : aujourd’hui, il ne l’est que pendant l’existence du Ministère dont il fait partie. Ce caractère d’instabilité donné aux fonctions de Commissaire général aurait eu pour conséquence d’enlever toute unité de conception et de direction dans l’exécution de l’oeuvre, si chaque Ministre eût pu imposer ses idées personnelles. La création de services généraux permanents, avec leur responsabilité propre, a remédié à ce danger et permis de donner à des hommes spéciaux l’initiative nécessaire pour mettre au service de l’intérêt général leur savoir et leur expérience reconnus.

Cette modification aux précédents sur la matière comporte une division bien nette de la part de chacun clans l’oeuvre de l’Exposition de 1889 et un historique distinct pour chaque Direction.

Le présent ouvrage sera consacré principalement à la Direction des Travaux.

Le décret du 28 juillet 1886 avait fixé de la façon suivante les attributions du Directeur général des Travaux.

Eiffel Tower reflection
photo credit: gadl

SERVICE D’ARCHITECTURE ET DES TRAVAUX DE L’EXPOSITION.

Rédaction et étude des projets, devis, cahiers des charges générales et particulières. Direction, exécution et surveillance des travaux. Règlements provisoires et définitifs. Réceptions provisoires et définitives. Délivrance des certificats de paiement pour acomptes et pour solde. Entretien des constructions. Démolition après l’Exposition. Contrôle des travaux exécutés par les concessionnaires de restaurants, cafés, chalets, kiosques, etc. Examen des projets et devis
présentés. Préparation des autorisations de concessions.

Détermination des moyens et délais d’exécution. Surveillance et contrôle des travaux autorisés. Police pendant la durée des travaux.

SERVICE DES PLANTATIONS ET DE LA VOIRIE DE L’EXPOSITION.

Plantations et jardins. Appropriation et entretien des voies, ponts, passages intérieurs et extérieurs. Eaux. Gaz. Remise en état des voies et plantations après l’Exposition. Etablissement de toutes les voies ferrées à l’intérieur de l’Exposition. Fêtes publiques. Aménagement et décoration. Préparation de la cérémonie d’ouverture et installation de la salle des récompenses.

SERVICE MÉDICAL.

Réglementation et surveillance du service médical et pharmaceutique fonctionnant au compte de l’État. Règlement des honoraires.

Ordre de service du Directeur général.

Ce décret avait imposé une lourde tâche au service des Travaux. Il s’agissait pour lui d’exécuter, dans un délai de deux ans et sur un espace restreint, plus de 30 millions d’ouvrages de toute nature; il n’y avait donc pas un instant à perdre : aussi M. Alphand, pénétré de cette nécessité, avait-il, dès les premiers jours de sa nomination, arrêté la liste de ses principaux collaborateurs et fixé par ordre de service les attributions de chacun d’eux

L’organisation adoptée dans ces circonstances dut être changée presque de suite à la mort de M. Rartet, Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, désigné comme Ingénieur en chef adjoint au Directeur; voici intégralement le deuxième ordre de service du 10 janvier 1887 qui régla définitivement le fonctionnement de la Direction des Travaux jusqu’aux derniers jours de son existence ainsi que la modification apportée à cet ordre de service le 15 janvier 1889.

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Source :

Titre : Exposition universelle internationale de 1889 à Paris. Monographie. Palais, jardins, constructions diverses, installations générales, par A. Alphand,… avec le concours de M. Georges Berger,… Publication achevée sous la direction de M. Alfred Picard,… accompagnée d’un atlas de 219 planches. Tome 1

Auteur : Berger, Georges (1834-1910)

Auteur : Alphand, Adolphe (1817-1891)

Éditeur : J. Rothschild (Paris)

Date d’édition : 1892-1895

Contributeur : Exposition internationale (1889 ; Paris). Éditeur scientifique

Sujet : Paris, Exposition, 1889

Type : monographie imprimée

Langue : Français

Dispositions proposées par la Commission d’études de l’Exposition universelle de 1889 à Paris

La Commission consultative avait été invitée à présenter des indications générales sur l’étendue des surfaces à couvrir.

Aussi, dès que l’emplacement fut choisi, étudia-t-elle les dispositions qu’il y avait lieu d’adopter pour que l’Exposition universelle internationale de 1889 répondît au but que l’on se proposait. Deux grandes divisions, suivant elle, devaient tout d’abord être établies. IL fallait se préoccuper d’assurer, d’une part, la manifestation des idées, et, d’autre part, l’exposition des produits.

Dans l’Exposition de 1878, les congrès et conférences chargés de provoquer la manifestation des idées avaient eu le plus grand succès ; mais le temps avait manqué pour leur préparation, et l’œuvre ne donna pas tout ce que l’on en attendait. On tenait beaucoup à obtenir un résultat complet en 1889, et on comptait y arriver par l’organisation de nombreux congrès, de nombreuses conférences, ainsi que par la création d’un Cercle international réunissant, à côté des bibliothèques, des laboratoires, tout le confortable de la vie matérielle; l’accueil réservé à la création du Cercle dépendait évidemment beaucoup de l’emplacement qui lui serait assigné, et il semblait de toute nécessité qu’il fût installé en un point rapproché du centre de Paris, au Palais de l’Industrie, par exemple.

 

Palais de l'industrie 1889

C’est ce que la Commission proposait, demandant, en outre, qu’une entrée principale de l’Exposition fût placée en cet endroit. Le Palais aurait été, dans ces prévisions, pourvu au rez-de-chaussée d’un plancher, et aurait reçu des estrades facilitant, à côté de l’installation des congrès, des conférences et du Cercle international l’organisation des fêtes, des réceptions et de la distribution des récompenses.

Autour du Palais de l’Industrie, on aurait exposé tout ce qui se rapportait à la classe de l’enseignement et de l’éducation.

Exposition Edison 1889

Au sortir de la classe de l’enseignement et de l’éducation, le visiteur, franchissant la Seine sur un pont doublant le pont des Invalides, se serait rendu à l’Esplanade, attribuée à l’Exposition des colonies et aux concours d’animaux vivants : cette dernière Exposition ne durant que quelques semaines aurait permis de donner à l’autorité militaire la jouissance presque ininterrompue de plusieurs îlots de l’Esplanade. Longeant la Seine, l’Exposition devait s’étendre le long des quais, où l’Agriculture aurait à sa disposition toute la partie comprise entre l’Esplanade et l’avenue de La Bourdonnais, avec la berge rendue utilisable par des appontements. A l’avenue de La Bourdonnais devait commencer la partie principale de l’Exposition, et la question d’utilisation devenait plus difficile à résoudre.

Exposition universelle côté seine 1867

Exposition universelle côté seine 1867

Et, tout d’abord, convenait-il d’élever, comme en 1867 et en 1878, un palais unique, ou bien d’édifier une série d’installations distinctes ?

Panoramique de l'exposition universelle de 1867

Les nécessités du classement qui avait été adopté aux Expositions précédentes et qui semblait devoir, sauf de légères modifications, être conservé en 1889, amenèrent la Commission à l’idée d’un groupement d’édifices reliés entre eux.
Elle proposa de placer à l’entrée du Champ de Mars, immédiatement après le square de la Ville de Paris, deux palais (pouvant et devant, dans son esprit, être conservés après l’Exposition), l’un, du côté de l’avenue de La Bourdonnais, destiné aux Arts, l’autre, du côté de l’avenue de Suffren, destiné aux Sciences; ces deux palais auraient couvert chacun une surface de 34000 mètres (y compris les restaurants et cafés). Si l’on adoptait la construction d’un premier étage clans ces deux palais, la surface couverte se réduisait à 26000 mètres pour chacun d’eux.

Panorama de l' exposition universelle de 1878

Dans le premier cas, on ménageait entre eux une esplanade de 168 mètres; dans le second cas, une esplanade de 194 mètres.

Immédiatement après ces palais, devaient s’élever des constructions (provisoires) couvrant une surface de 220000 mètres, dont 106000 réservés au hall des Machines et aux galeries du Travail, qui seraient réunies devant l’École militaire en prenant toute la largeur du Champ de Mars, et 114000 attribués aux Industries proprement dites. Cette dernière portion des constructions provisoires était projetée entre le hall des Machines et les palais des Arts et des Sciences, ménageant, comme continuation de l’esplanade de 168 mètres qui séparait ces palais, une avenue de 268 mètres de long-sur 60 mètres de large.

Galerie des machines 1889

Ces dispositions donnaient comme surfaces couvertes :

  • Mètres carrés.
  • Palais des Arts. . . . 34 000
  • Palais des Sciences. . 34 000
  • Hall des Machines. . . 106 000
  • Industries diverses. . 114 000
  • TOTAL. . . 288 000

Vue en couleur de l'exposition universelle de 1889

En comptant les abris des quais et les constructions des Champs-Élysée, c’était, au total, un tiers au moins de plus de surface couverte qu’en 1878.

Le Concours.

La Commission n’avait tracé que les grandes lignes de l’Exposition; il restait encore un grand nombre de questions à résoudre pour obtenir une solution complète.
Néanmoins, les dispositions qu’elle proposait étaient très intéressantes et suffisamment précises pour permettre la rédaction d’un programme de concours.

Un arrêté du ler mai en détermina les conditions clans les termes suivants :

Article 1. Il est ouvert un concours en vue de l’Exposition de 1889.

Ce concours de dispositions générales a pour objet de provoquer la manifestation d’idées d’ensemble, d’en faciliter la comparaison et d’en dégager le meilleur parti à adopter.

Article 2. Sont admis à prendre part au concours tous les ingénieurs et architectes français, sous la seule condition de justifier de leur nationalité lors du dépôt de leurs projets.

Article 3. L’Exposition Universelle pourra englober les terrains suivants :

1° Le Palais de l’Industrie et les terrains avoisinants ;
2″ L’Esplanade des Invalides;
3° Le Champ de Mars et son square;
4° Les quais et les berges compris entre l’esplanade des Invalides et le Champ de Mars.

L’Esplanade et les Champs-Elysées seront reliés par un pont provisoire ou par tout autre moyen.

  1. Emplacement de la tour Eiffel de l'exposition 1889

    Emplacement de la tour Eiffel de l’exposition 1889

Article 4. La surface horizontale utilisable des bâtiments sera de 271 000 mètres au total, y compris le 1er étage du Palais de l’Industrie, compté pour 20 000 mètres. (Le rez-de-chaussée de ce dernier Palais sera entièrement réservé aux fêtes, aux réceptions et à la distribution des récompenses.)

Article 5 – La surface de 271 000 mètres ci-dessus indiquée se subdivisera comme suit:

1° 32 000 mètres environ pour les Beaux-Arts ;
2° 25 000 mètres environ pour l’Agriculture;
3» 6 000 mètres environ pour les Colonies ;
4° 90 000 mètres environ poulies Machines ;
5° 118 000 mètres environ pour l’exposition des divers autres groupes.

Dans ce total de 271 000 mètres entreraient en compte les surfaces que les concurrents jugeraient à propos de distribuer au Ier étage.

Article 6. Il sera ménagé autour des bâtiments affectés à l’exposition des Colonies un espace libre et découvert d’environ 70 000 mètres pour l’installation de kiosques, tentes, pavillons particuliers, etc.

Article 7. Toute latitude est d’ailleurs laissée aux concurrents pour l’emplacement à affecter à chacune des parties. En aucun cas, il ne pourra être prévu de construction sur le jardin public du Champ de Mars, qui sera englobé par l’Exposition dans son état actuel.

Construction de la tour Eiffel

Construction de la tour Eiffel

Article 8. Les constructions principales seront entièrement établies en fer, avec remplissage en briques, maçonnerie, staff, etc.

Article 9. Les concurrents devront étudier la possibilité d’élever sur le Champ de Mars une tour en fer à base carrée, de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur. Ils feront figurer cette tour sur le plan du Champ de Mars, et, s’ils le jugent convenable, ils pourront présenter en variante un autre plan sans ladite tour.

Article 10. Les concurrents devront fournir obligatoirement :
1° Un plan général d’ensemble à l’échelle de 1 mm

Sous la tour Eiffel exposition 1889

Sous la tour Eiffel exposition 1889

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Source

Titre : Exposition universelle internationale de 1889 à Paris. Monographie. Palais, jardins, constructions diverses, installations générales, par A. Alphand,… avec le concours de M. Georges Berger,… Publication achevée sous la direction de M. Alfred Picard,… accompagnée d’un atlas de 219 planches. Tome 1

Auteur : Berger, Georges (1834-1910)

Auteur : Alphand, Adolphe (1817-1891)

Éditeur : J. Rothschild (Paris)

Date d’édition : 1892-1895

Contributeur : Exposition internationale (1889 ; Paris). Éditeur scientifique

Sujet : Paris, Exposition, 1889

Type : monographie imprimée

Langue : Français

Format : 2 tomes en 1 vol. gr. in-8°