Un prospectus à Lyon en novembre 1871

PROSPECTUS DE LA SOCIETES PRODUCTION ET DE CONSOMMATION AYANT POUR TITRE

Le Comptoir terrestre de l’Homme et de la Femme

comptoir-terrestre

Depuis bien des années l’auteur a conçu et mûri les idées qu’il émet aujourd’hui. Équilibrer, en les faisant sympathiser, le Travail et le Capital, ces deux agents de production ; c’est-a-dire faire à chacun d’eux des conditions et des avantages équitables, tel est le but auquel il a visé.

Dans une première brochure, intitulée L’IMPOT UNIQUE *, M. GACHE neveu a expliqué son système de contre-monnaie, système qu’il avait proposé à l’administration municipale de Lyon, dès le mois de septembre 1870, comme pouvant parer aux difficultés de la situation en présence de nos désastres. Il offrait de plus son concours comme organisateur du plan qu’il soumettait.

* Cette brochure, dont le prix est de 80 centimes, est en vente chez tous les Libraires.

L’Impôt unique, par l’emploi d’une contre-monnaie vendue par l’État et dont le cours serait rendu obligatoire pour toutes les transactions, se rattache à la création de la Société appelée Comptoir terrestre de l’homme et de lafemme.

Cette Association servirait d’intermédiaire entre la production et la consommation, sous quelque forme que ce puisse être. Les quatre éléments qui la composent sont : l’Agriculture, le Commerce, les Arts et les Sciences. Elle a pour base la trilogie républicaine : LIBERTÉ,ÉGALITÉ,FRATERNITÉ. Sa devise sera : Fais ce que tu voudrais que l’on fit pour toi, et ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qui te fût fait.

Cette Association, prenant l’Homme et la Femme a leur naissance, les accompagne jusqu’au tombeau. Elle pourra fonctionner sur une grande comme sur une petite échelle, et chacun de ceux qui en feront partie y trouvera ses intérêts sauvegardés.. Le travail, quel qu’il soit, manuel ou intellectuel, recevra sa rémunération; le capital aura toute garantie pour ses rentes.

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Sans que rien soit changé aux positions acquises, l’homme et la femme, dans toutes conditions sociales, seront assurés de trouver en tous pays, a la charge de se conformer aux lois, tout ce qui est nécessaire à la satisfaction des besoins imposés par la nature. Le Comptoir terrestre ne changera rien aux errements habituels de la vie ; il consolidera ce qui existe, en même temps qu’il créera ce qui n’existe pas. Chacun participera au bien-être matériel, dans une proportion équitable et suivant ses droits. Les enfants des deux sexes, depuis leur naissance jusqu’à leur quinzième année, toucheront une rente de 1 franc par jour, destinée à les élever et a subvenir à leur éducation.

En un mot, l’Association réalisera cette maxime : Chacun pour tous, tous pour chacun.

Les fonctionnaires et employés de l’Association, dans les diverses catégories qu’elle embrassera, seront élus par le suffrage universel. Point de sinécures, mais pas de fonctions gratuites, tout emploi sera salarié, car le temps est un capital que chacun peut utiliser plus ou moins fructueusement, selon ses forces physiques ou ses aptitudes, intellectuelles. La nomination de tous les fonctionnaires étant soumise au suffrage universel, l’auteur du projet ne disposera d’aucun emploi, il ne pourra faire partie lui-même de l’Administration de la Société, qu’en vertu du mandat qui lui aura été déféré.

C’est par ce motif que pour propager ses idées, soit par la voie de la presse, soit par toutes autres démarches qui pourront l’amener a réaliser ses vues, il a recours a une souscription volontaire, laissant d’ailleurs à chacun toute latitude quant au chiffre de la souscription. Les personnes qui voudront que leurs noms soient connus n’auront qu’à en témoigner le désir, il en sera de même pour celles qui voudraient conserver l’anonyme. Il convient pourtant de faire remarquer que les souscriptions prouvant des sympathies en faveur de l’Association, il serait à désirer que les adhérents se fissent connaître, car ce serait pour d’autres un encouragement.

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Une somme de 20,000 fr. suffirait a M. Gâche pour établir et organiser l’Association qu’il propose, de manière à la faire fonctionner, sur de petites dimensions il est vrai, mais on va du petit au grand, et à mesure que l’on pourra apprécier ses résultats, elle grandira et prospérera de plus en plus.

Un journal hebdomadaire ou publié deux fois par semaine, sera l’organe de publicité destiné a traiter les questions de détails. Ce journal, intitulé le Régénérateur, fera suite au Sauveur de la France dans l’actualité et pour l’avenir, publication qui a eu plusieurs numéros, et a développé les idées de M. Gâche, ainsi que les résultats qu’elles peuvent amener.

En outre, une brochure ayant pour titre : Comptoir terrestre de l’homme et de la fouine paraîtra très-prochainement. Les personnes qui souscriront auront droit a cette brochure, laquelle fera suite a celle de l’Impôt unique que l’on peut consulter pour tous les détails que nous ne pouvons aborder ici.

La publication du journal et celle de la brochure auront lieu aussitôt que le permettra le montant recueilli des souscriptions volontaires,

Le produit de la souscription, celui de la vente des brochures, livrets, dessins, journaux et matériel pour la contre-monnaie, sont destinés à couvrir les frais que M. Gâche a eu et aura encore a faire pour propager ses idées et atteindre, son but, et a rémunérer son travail matériel.

En dehors de ces sommes, toutes celles qui seront versées pour l’Association une fois constituée, seront déposées dans des banques instituées ad hoc.

L’auteur du projet ose espérer que, poursuivant un résultat qui sera avantageux a tous, il trouvera partout des sympathies qui lui permettront de mener à bonne fin une oeuvre d’intérêt général.

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JEAN GACHE, neveu.

PASSAGE DE L’ENFANCE, A LA CROIX-POUSSE

LYON (RHÔNE).

Lyon. 3 novembre 1871.

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Source : Titre : Prospectus de la société de production et de consommation,… le Comptoir terrestre de l’homme et de la femme. [Signé : Jean Gache, neveu.]

Auteur : Gache, Jean

Éditeur : impr. de Labasset (Lyon)

Date d’édition : 1871

Langue : monographie imprimée

Langue : Français

Format : In-4° , 3 p.

Source : Bibliothèque nationale de France

Saône
photo credit: romainguy