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Le poseur d’affiche sous la restauration (1829)

L’afficheur sous la restauration (règne de Charles X)

« Dans presque toutes les communes rurales, c’est un Garde-champêtre ou un Appariteur de police qui est chargé de placarder les affiches, soit émanées des autorités publiques, soit publiées par les notaires ou par d’autres particuliers.

288. Aucun individu, même un-Garde-champêtre, ne peut être afficheur sans avoir été désigné par le Maire, sous les peines portées dans l’article 290 du Code pénal.(*)’.

289. Avant de placarder les affiches des particuliers, l’Afficheur doit prendre la permission du Maire (loi du 13 novembre 1791) qui vérifie s’il n’existe aucune contravention soit sous le rapport de la police, soit pour le, timbre ou la couleur du papier. (Art. 65 de la loi du 28 avril 1816. — Art. 77 de
la loi du 25 mars 1817.)

(*) « Tout individu qui, sans y avoir été autorisé par la police, fera le métier de crieur ou afficheur d’écrits imprimes, dessins ou gravures, même munis des noms d’auteur, im« primeur, dessinateur ou graveur, sera puni d’un emprisonnement de six jours à deux mois»

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Source

Métiers au XVIIIe siècle : afficheur

“AFFICHEUR. C’est celui qui fait métier d’afficher un placard ou feuille de papier au coin, des rues pour annoncer quelque chose avec publicité, comme jugements rendus , effets à vendre, meubles perdus, livres imprimés nouvellement ou réimprimés, etc.

Les peuples qui se sont acquis de la réputation par la sagesse de leur gouvernement, ont toujours eu des hommes destinés pour ces mêmes fins. Comment auraient-ils informé le public des lois qu’il devait observer s’ils ne les avaient pas fait afficher pour les rendre publiques ? Les Grecs les exposaient dans leurs places sur des rouleaux de bois plus longs que larges pour lesquels ils les écrivaient et les Romains les faisaient graver sur des planches d’airain.

Cet usage passa dans les Gaules avec la domination de ces derniers : il ne fut point aboli par les conquêtes de nos rois et François Ier le confirma par son édit du mois de Novembre 1539.

Le droit de faire publier et afficher n’appartient en chaque ville qu’au juge qui a la juridiction ordinaire et territoriale. Lorsque , dans une même ville, il y a plusieurs juges ordinaires, c’est au premier et principal magistrat de la ville qu’il appartient, comme étant une suite et une dépendance de la police.

Le Prévôt de Paris est en possession de ce droit de temps immémorial. Lamarre en rapporte les preuves dans son Traité de la Police livre. I, titre 25, chapitre 2.

A Paris, les affiches ordinaires doivent être autorisées par une permission du Lieutenant de police.Les afficheurs sont tenus de savoir lire et écrire; leur nom et l’indication de leur demeure doivent être enregistrés à la chambre royale et syndicale des libraires et imprimeurs, Ils font corps avec les colporteurs, et doivent, comme eux, porter au devant de leur habit une plaque de cuivre sur laquelle est grave afficheur.

Les huissiers ont aussi le droit d’afficher, parce que, dans le cas de saisie réelle, ils sont obligés d’exposer des placards en certains endroits, lors des criées de l’immeuble saisi, ce qu’ils sont tenus de faire de quatorze en quatorze jours. Leurs affiches, ainsi que leur procès verbal de criée, doivent contenir le nom, la qualité, le domicile du poursuivant et du débiteur, la description des biens saisis par tenants et aboutissants, et dans le cas où c’est un fief, par la description du principal manoir, des dépendances et appartenances. Elles doivent être marquées, sous peine de nullité, aux armes du roi, et non à celles d’aucun autre seigneur et apposées à la principale porte de l’église paroissiale laquelle est situé l’immeuble saisi, à celle du débiteur, et à celle du siège où se poursuit la saisie réelle.

Il y a à Paris une feuille périodique qui porte le titre d’affiches de cette ville. C’est une compilation exacte de toutes les affiches les plus intéressantes On y trouve les biens de toute espèce à vendre ou à louer, les annonces des livres nouveaux, les effets perdus ou trouvés, les nouvelles découvertes, les spectacles, les morts, le cours et le change des effets commerçables. Elle paraît régulièrement deux fois toutes les semaines.”

Dracula !
photo credit: Ludo29880

Source :

Titre : Dictionnaire raisonné universel des arts et métiers. T1 / , contenant l’histoire, la description, la police des fabriques et manufactures de France et des pays étrangers [par P. Macquer]… Nouvelle édition… revue et mise en ordre par M. l’abbé Jaubert,…

Auteur : Macquer, Philippe (1720-1770)

Éditeur : P. F. Didot jeune (Paris)

Date d’édition : 1773

Contributeur : Jaubert, Pierre (1715?-1780?). Éditeur scientifique

Faire savoir : crieur public et afficheur sous la Révolution

“L’audace du crieur public était vraiment extraordinaire. En 1792, il osait annoncer et vendre, à la porte de la convention, des brochures qui portaient ces titres : Vous f..tez-vous de nous? — Rendez-nous nos dix-huit francs, f..tez-nous le camp, la guillotine vous attend.—Donnez-nous du pain ou égorgez-nous ! — Grand décret sur les allumettes et l’amadou !

Manuel dénonça le fait à la convention, mais en pure perte. La foule eût pris la défense des crieurs et chanteurs publics. Autour des uns et des autres il y avait cercle et affluence de monde.

Criait-on la découverte d’un complot, — le peuple répondait par des menaces contre les brigands, contre les infâmes conspirateurs. Criait-on une nouvelle réquisition, — beaucoup de gens allaient s’enrôler. Criait-on la victoire de Fleurus? —les hommes, les femmes, les vieillards , les enfants battaient des mains, suivaient le bon nouvelliste en tirant des pétards ; et, le soir, les façades des maisons étaient illuminées.

Souvent, un passant payait à boire au crieur, dont le gosier desséché au service de la patrie méritait bien cette récompense. Ici, un vieux militaire l’interrogeait; là, c’était une femme, une mère inquiète, qui lui demandaient si le nombre des morts avait été considérable à telle bataille ; plus loin, deux enfants, politiques précoces, hasardaient des demandes et des observations. Le crieur public, comme on le pense bien, ne manquait pas de trancher du personnage important, lui qui savait déjà ce que les autres ignoraient encore. Prenant tantôt des airs de bienveillance et de bonté, tantôt des airs de mécontentement et de supériorité, il ré pondait à tous en manière d’oracle. S’il ne savait pas lire, il s’abstenait de répondre. Son imprimeur lui avait appris nécessairement la phrase sacramentelle : Voici les détails de la fameuse victoire, etc. Il la répétait à satiété. Les détails, il fallait un sou pour les posséder. Le crieur habitait un garni; le crieur mangeait à la gargote; le crieur était zélé clubiste, sans-culotte ardent; le crieur était « homme d’action. » Il avait le certificat de civisme, aussi bien que le chanteur des rues.

Une variété du crieur, c’est l’afficheur : leurs mœurs étaient semblables à tous deux, et leur ministère différait de bien peu. Toutefois, le rôle de celui-ci s’effaçait davantage. Si la foule le suivait et s’intéressait à ses travaux, toujours est-il qu’elle n’avait pas avec lui de rapports directs. Il paraissait à l’angle d’une rue populeuse, il se plaçait devant un mur, collait son affiche devant un groupe de curieux, puis s’évanouissait, laissant de la pâture à la foule. On lui parlait rarement, car il n’avait pas, comme le crieur public ou le chanteur des rues, le don de l’éloquence. Il se renfermait, d’ailleurs, par goût et par système, dans un mutisme fort mystérieux. Quelqu’un l’interrogeai t-il, l’afficheur semblait répondre, au moyen d’un simple hochement de tête : Vous allez lire vous-même! vous allez savoir de quelle importance sont les choses que j’affiche ! — Il est vrai qu’il collait périodiquement sur les murs les plus fameux décrets, et les numéros du terrible Bulletin du tribunal révolutionnaire.

Ainsi, le chanteur des rues, le crieur public et l’afficheur forment une même famille. Ce sont les hommes-annonces, par l’intermédiaire desquels les classes infimes, peuvent apprendre les nouvelles, et se mettre au courant de la politique.

Tous trois existent encore de nos jours ; mais le chanteur n’a plus de mission politique, et l’afficheur reste inconnu à la foule, à cause de la progression infinie des hommes de son métier.

Le crieur public seul a encore le beau privilège de prononcer les mots de conspiration, attentat ou assassinat, de voir se former un cercle autour de lui, et de vendre, le jour de l’ouverture des chambres, le journal du soir le Moniteur parisien, au prix fabuleux de quinze sous le numéro.”

A. C.

Source : Augustin Challamel, Wilhelm Ténint, Henri-Charles-Antoine Baron, L. Massard, John Boyd Thacher Collection (Library of Congress), 1843

Bat-fuck insane
photo credit: Sebastian Fritzon