Monthly Archives: février 2009

Paris quotidien à la fin du XVIIeme siècle : “les embarras de Paris” de Nicolas Boileau

Paris et sa vie quotidienne commerçante, citoyenne ou chalande sous Louis XIV.

Frontispice de l'Edition des Satires

Frontispice de l’Edition des Satires

Nicolas Boileau (Année de naissance : 1636 – Lieu de naissance : Paris – Année du décès : 1711 –Lieu du décès : Paris) écrivain français trace un portrait saisissant de vie d’un quartier de Paris à la fin du House XVIIe siècle où l’on retrouve les bruits, les couleurs et les odeurs de la capitale sous le règne du roi Louis XIV.

« Qui frappe l’air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ?
Est-ce donc pour veiller qu’on se couche à Paris ?
Et quel fâcheux démon, durant les nuits entières,
Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ?
J’ai beau sauter du lit, plein de trouble et d’effroi,
Je pense qu’avec eux tout l’enfer est chez moi :
L’un miaule en grondant comme un tigre en furie ;
L’autre roule sa voix comme un enfant qui crie.
Ce n’est pas tout encor : les souris et les rats
Semblent, pour m’éveiller, s’entendre avec les chats,
Plus importuns pour moi, durant la nuit obscure,
Que jamais, en plein jour, ne fut l’abbé de Pure.

Tout conspire à la fois à troubler mon repos,
Et je me plains ici du moindre de mes maux :
Car à peine les coqs, commençant leur ramage,
Auront des cris aigus frappé le voisinage
Qu’un affreux serrurier, laborieux Vulcain,
Qu’éveillera bientôt l’ardente soif du gain,
Avec un fer maudit, qu’à grand bruit il apprête,
De cent coups de marteau me va fendre la tête.
J’entends déjà partout les charrettes courir,
Les maçons travailler, les boutiques s’ouvrir :
Tandis que dans les airs mille cloches émues
D’un funèbre concert font retentir les nues ;
Et, se mêlant au bruit de la grêle chicagobearsjerseyspop et des vents,
Pour honorer les morts font mourir les vivants.
Encor je bénirais la bonté souveraine,
Si le ciel à ces maux avait borné ma peine ;
Mais si, seul en mon lit, je peste avec raison,
C’est encor pis vingt fois en quittant la maison ;
En quelque endroit que j’aille, il faut fendre la presse
D’un peuple d’importuns qui fourmillent sans cesse.
L’un me heurte d’un ais dont je suis tout froissé ;
Je vois d’un autre coup mon chapeau une renversé.
Là, d’un enterrement la funèbre ordonnance
D’un pas lugubre et lent vers l’église s’avance ;
Et plus loin des laquais l’un l’autre s’agaçants,
Font aboyer les chiens et jurer les passants.
Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage ;
Là, je trouve une croix de funeste présage,
Et des couvreurs grimpés au toit d’une maison
En font pleuvoir l’ardoise et la tuile à foison.
Là, sur une charrette une poutre branlante
Vient menaçant de loin la foule qu’elle augmente ;
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant
Ont peine à l’émouvoir sur le pavé glissant.
D’un carrosse en tournant il accroche une roue,
Et du choc le renverse en un grand tas de boue :
Quand un autre à l’instant s’efforçant de passer,
Dans le même embarras se vient embarrasser.
Vingt carrosses bientôt arrivant à la file
Y sont en moins de rien suivis de plus de mille ;
Et, pour surcroît de maux, un sort malencontreux
Conduit en cet endroit un grand troupeau de boeufs ;
Chacun prétend passer ; l’un mugit, l’autre jure. Des mulets en sonnant augmentent le murmure.
Aussitôt cent chevaux dans la foule appelés
De l’embarras qui Lawn-Highland croit ferment les défilés,
Et partout les passants, enchaînant les brigades,
Au milieu de la paix font voir les COVER barricades.
On n’entend que des cris poussés et confusément :
Dieu, pour s’y faire ouïr, tonnerait vainement.
Moi donc, qui dois souvent en certain lieu me rendre,
Le jour déjà baissant, et qui suis las d’attendre,
Ne sachant plus tantôt à quel saint me vouer,
Je me mets au hasard de me faire rouer.
Je saute vingt ruisseaux, j’esquive, je me pousse ;
Guénaud sur son cheval en passant m’éclabousse,
Et, n’osant plus paraître en l’état où je suis,
Sans songer où je vais, je me sauve où je puis.

Tandis que dans un coin en grondant je m’essuie,
Souvent, pour m’achever, il survient une pluie :
On dirait que le ciel, qui se fond tout en eau,
Veuille inonder ces lieux d’un déluge nouveau.
Pour traverser la rue, au milieu de l’orage,
Un ais sur deux pavés forme un étroit passage ;
Le plus hardi laquais n’y marche qu’en tremblant :
Il faut pourtant passer sur ce pont chancelant ;
Et les nombreux torrents qui tombent des gouttières,
Grossissant les ruisseaux, en ont fait des rivières.
J’y commerce passe en trébuchant ; mais malgré l’embarras,
La frayeur de la nuit précipite mes pas.
Car, sitôt que du soir les ombres pacifiques
D’un double cadenas font fermer les boutiques ;
Que, retiré chez lui, le paisible marchand
Va revoir ses billets et compter son argent ;
Que dans le Marché-Neuf tout est calme et tranquille,
Les voleurs à l’instant s’emparent de la ville.
Le bois le plus funeste et le moins fréquenté
Est, au prix de Paris, un lieu de sûreté.
Malheur donc à celui qu’une affaire imprévue
Engage un peu trop tard au détour d’une rue !
Bientôt quatre bandits lui serrent les côtés :
La bourse ! … Il faut se rendre ; ou bien non, résistez,
Afin que votre mort, de tragique mémoire,
Des massacres fameux aille grossir l’histoire.
Pour moi, fermant ma porte et cédant au sommeil,
Tous les jours je me couche avecque le soleil ;
Mais en ma chambre à peine ai-je éteint la lumière,
Qu’il ne m’est plus permis de fermer la paupière.
Des filous effrontés, d’un coup de pistolet,
Ébranlent ma fenêtre et percent mon volet ;
J’entends crier partout: Au meurtre ! On m’assassine !
Ou : Le feu vient de prendre à la maison voisine !
Tremblant et demi-mort, je me lève à ce bruit,
Et souvent sans pourpoint je cours toute la nuit.
Car le feu, dont la flamme en ondes se déploie,
Fait de notre quartier une seconde Troie,
Où maint Grec affamé, maint avide Argien,
Au travers des charbons va piller le Troyen.
Enfin sous mille crocs la maison abîmée
Entraîne aussi le feu qui se perd en fumée.

Je me retire donc, encor pâle d’effroi ;
Mais le jour est venu quand je rentre chez moi.
Je fais pour reposer un effort inutile :
Ce n’est qu’à prix d’argent qu’on dort en cette ville.
Il faudrait, dans l’enclos d’un vaste logement,
Avoir loin de la rue un autre appartement.

Paris est pour un riche un pays de Cocagne :
Sans sortir de la ville, il trouve la campagne ;
Il peut dans son jardin, tout peuplé d’arbres verts,
Recéler le printemps au milieu des hivers ;
Et, foulant le parfum de ses plantes fleuries,
Aller entretenir ses douces rêveries.

Mais moi, grâce au destin, qui n’ai ni feu ni lieu,
Je me loge où je puis et comme il plaît à Dieu. »

Satire VI

(Recueil : Satires)

Texte : Inlibroveritas

Scène de marché à Paris à la fin du XVIIe siècle

Scène de marché à Paris à la fin du XVIIe siècle

Bougies lumineuses en cire à changement de couleurs

Une gamme d’articles lumineux : les bougies à changement de

couleurs

Bougie lumineuse en cire blanche

Bougie lumineuse en cire blanche

En cire blanche, ces bougies lumineuses sont des bougies classiques  qui portent une flamme de combustion. Mais lorsque vous allumez la mêche, la bougie se met à changer de couleurs de manière continue passant par toutes les nuances. Ces bougies lumineuses à changement de couleur créent de très beaux centre de table, décors, illumination de pièces ou tout autre animation.

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Zola et le monde du commerce -I-

LA DECOUVERTE DE LA BOUTIQUE DE « L’ONCLE BAUDU » : AU VIEIL ELBOEUF

Emile Zola : l'auteur du "Bonheur des Dames"

Emile Zola : l’auteur du “Bonheur des Dames”

Zola pour qui les mots se travaillaient comme des touches de couleur a brossé à travers la chronique des Rougon-Maquart, la vie d’une famille à travers le second Empire (même si ses modèles datent plutôt des années 1880). Parmi ces volumes : Au Bonheur des Dames est un roman d’Émile Zola publié en 1883,  le onzième volume de la série les Rougon-Macquart décrit l’irruption du commerce des grands magasins. Le modèle d’Octave Mouret est Auguste Hériot co-fondateur des Grands magasins du Louvre.

Il m’a semblé intéressant d’en citer les principaux passages.

« Ils levèrent la tête, se retournèrent. Alors, juste devant eux, au-dessus du gros homme, ils aperçurent une enseigne verte, dont les lettres jaunes déteignaient sous la pluie : Au Vieil Elbeuf draps et flanelles, Baudu, successeur de Hauchecorne.

La maison, enduite d’un ancien badigeon rouillé, toute plate au milieu des grands hôtels Louis XIV qui l’avoisinaient, n’avait que trois fenêtres de façade ; et ces fenêtres, carrées, sans persiennes, étaient simplement garnies d’une rampe de fer, deux barres en croix. Mais, dans cette nudité, ce qui frappa surtout Denise, dont les yeux restaient pleins des clairs étalages du Bonheur des Dames, ce fut la boutique du rez-de-chaussée, écrasée de plafond, surmontée d’un entresol très bas, aux baies de prison, en demi-lune. Une boiserie, de la couleur de l’enseigne, d’un vert bouteille que le temps avait nuancé d’ocre et de bitume, ménageait, à droite et à gauche, deux vitrines profondes, noires, poussiéreuses, où l’on distinguait vaguement des pièces d’étoffe entassées. La porte, ouverte, semblait donner sur les ténèbres humides d’une cave.

(…) Ils se rassuraient, regardaient la boutique, où leurs yeux s’habituaient à l’obscurité.
Maintenant, ils la voyaient, avec son plafond bas et enfumé, ses comptoirs de chêne polis par l’usage, ses casiers séculaires aux fortes ferrures. Des ballots de marchandises sombres montaient jusqu’aux solives. L’odeur des draps et des teintures, une odeur âpre de chimie, semblait décuplée par l’humidité du plancher. Au fond, deux commis et une demoiselle rangeaient des pièces de flanelle blanche.

(…) Mais la salle obscure l’inquiétait ; elle la regardait, elle se sentait le coeur serré, elle qui était habituée aux larges pièces, nues et claires, de sa province. Une seule fenêtre ouvrait sur une petite cour intérieure, communiquant avec la rue par l’allée noire de la maison ; et cette cour, trempée, empestée, était comme un fond de puits, où tombait un rond de clarté louche. Les jours d’hiver, on devait allumer le gaz du matin au soir. Lorsque le temps permettait de ne pas allumer, c’était plus triste encore. »

Emile ZOLA. Au bonheur des Dames.
Source : inlibroveritas.net

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